Le penthouse mérite d’être étudié avant d’être adopté, surtout si on habite Dijon. C’est ce que dit en substance notre consultant en immobilier Cyrille de Crépy, l’un de deux associés du cabinet Sopirim.
Hérité de la période Art déco, le penthouse (l’appartement-terrasse) a gagné ses lettres de noblesse en 1923 à l’hôtel Plaza Athénée de New York où, offrant une vue sur Central Park, il invite à s’évader – en sirotant un daïquiri fraise, en songeant à une paire de Louboutin à la semelle assortie à votre breuvage, en criant à Christophe Maé de se taire parce que le bonheur est là…
Mais voilà, nous sommes à Dijon. Ce fantasme à la Sex in the city est–il transposable dans notre ville où l’on trouve systématiquement que l’immeuble du voisin devrait faire un étage de moins que le sien ? Un appartement-terrasse est rare (parce que le bâtiment existant n’autorise pas toujours un toit terrasse) et onéreux. L’axiome du sac à main s’applique aussi en matière immobilière : celui qui me plaît est toujours plus cher que celui qui ne me plaît pas…
Tout d’abord, gardez bien à l’esprit que votre terrasse sera le plafond de vos voisins du dessous, ce qui implique qu’au-dessus de cette dalle vous trouverez, pêle-mêle, un isolant, une étanchéité (une terrasse pouvant être source de fuites et de conflits de voisinage parfois exacerbés par un peu de jalousie), un système d’évacuation des eaux et, enfin, un revêtement. Je sais, c’est moins glamour que le daïquiri fraise à Manhattan. C’est pour cela que votre terrasse ne sera pas dans le même plan que votre intérieur. Elle sera plus haute d’une trentaine de centimètres, ce qui pourrait nécessiter une marche d’accès. Le plus surprenant, c’est que cela reste tout à fait accessible, au sens de la règlementation handicapés, tant que le ressaut extérieur est inférieur à 2 centimètres.
Jusqu’au fisc
Si vous avez craqué pour ce type de terrasse, pensez à sa pérennité : abreuvés par de belles images dans les magazines de déco, nous faisons fi du vieillissement et de l’entretien. Un bois brun à l’acquisition a la délicate attention, avec le temps, de s’assortir à la teinte des cheveux de votre mari, année après année, pour s’argenter. Les dalles extérieures en grès, antidérapantes, peuvent être une alternative tendance intéressante. Pensez aussi au gazon synthétique planté de bacs en zinc qui pourront contenir la menthe poivrée pour vos mojitos. Dans tous les cas, vérifiez que le règlement de copropriété autorise les barbecues et autres planchas, sous peine de devoir vous contenter de sashimis pour ne pas incommoder les voisins. Vérifiez également que vous aurez le droit de monter une tonnelle par la suite pour faire face au diktat du climat local. Enfin, n’oubliez pas que vous ne serez pas la seule à profiter de votre terrasse. L’administration fiscale, qui la considère comme un élément formant dépendance, en bonne copine, s’invitera chez vous pour vous réclamer une contribution supplémentaire dans la taxe foncière. Mais, quand on aime, on ne compte pas. Alors : must have or not ?