Depuis plusieurs années, le nombre de références et l’espace consacré aux produits issus de l’agriculture biologique sont impressionnants. C’est donc tout naturellement que le bio est devenu une priorité de Carrefour Quetigny, qui a été un des premiers hypers à sentir la tendance. Et à en faire l’affaire de tous.
Tout part de là : la fameuse boule bio fabriquée et distribuée dans tous les magasins Carrefour de France est bourguignonne. « Elle vient d’une recette élaborée en 1990 par un boulanger de l’enseigne à Chalon-sur-Saône. Nous produisons donc depuis plus de vingt-cinq ans et directement dans nos laboratoires ce pain avec de la farine bio sans levure, à base de levain et d’eau de source. » Le message d’Alain Bonnotte, manager boulangerie-pâtisserie de Carrefour Quetigny, est on ne peut plus clair et revendique une légitime position de précurseur. L’enseigne n’a en effet pas attendu la démocratisation du bio ces dernières années pour se positionner sur ce marché. « Nous sommes fiers de produire ce pain à l’ancienne avec un respect total de temps de repos de la pâte. Et notre équipe de vingt-six boulangers, qui produit de 4 heures du matin à 19 heures, permet de proposer du pain frais toute la journée. Tout cela pour 1,80 à 3,60 euros le kilo. Qui dit mieux ? » Pas grand-monde, selon ce convaincu de la cause bio. L’homme est fier de la démarche de son employeur, qui privilégie un nécessaire circuit court. À ce titre, Carrefour Quetigny a tissé des liens avec différents moulins locaux, dont celui d’Aiserey, distant de 20 kilomètres.
CONSOM’ACTEUR
Voilà qui rassurera un consommateur qui se mue de plus en plus – et c’est tant mieux – en consom’acteur selon Aurélien Briard, responsable du département fruits et légumes. « Depuis cinq ans, c’est l’explosion de la demande bio mais tout s’est accéléré ces deux dernières années. C’est passionnant à suivre. Les acheteurs recherchent avant tout la qualité et sont de moins en moins obnubilés par l’apparence des aliments. Leur priorité, c’est de connaître la provenance des fruits et légumes et, évidemment, leur qualité gustative. Cela rejoint la philosophie que j’ai de mon métier. » Reste à savoir si cette noble vision ne se heurte pas à une réalité budgétaire. C’est monnaie courante, les produits estampillés bio sont un frein au porte-monnaie. Aurélien Briard nuance : « Ils restent légèrement plus élevés que pour les produits dits classiques, mais ils sont désormais adaptés à tous les budgets. » Et se satisfait de voir qu’en complément des grandes marques nationales, Carrefour propose de plus en plus de produits bio sous sa marque distributeur, à des prix plus compétitifs. « Une bonne manière de démocratiser ce mode de production.» Mais est-ce vraiment du bio à proprement parler ? Pour être estampillé tel quel, tout produit doit être soumis au moins une fois par an à un contrôle de l’un des six organismes certificateurs français. À cela s’ajoutent des contrôles inopinés et la vigilance de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Pas question de filouter, donc.
350 RÉFÉRENCES EN PRODUITS FRAIS
Ce n’est de toute façon pas l’intention de la chaîne de grande distribution, qui préfère diffuser cette stratégie sur chaque secteur. Yann Brunet, manager des produits frais en libre service, confirme. « Nous nous sommes adaptés au point que près de 10% de notre offre est bio, soit 350 références au total. » S’il est souvent associé au frais, le bio concerne aussi toute la gamme de produits secs, dont les bonbons et tablettes de chocolat, que nous réclament nos enfants ou notre propre estomac. Franck Lardet, le directeur de l’enseigne de Quetigny, explique avoir « doublé la surface de l’offre bio pour ces rayons. » Parce que la demande est exponentielle, on l’a dit, et que la démarche globale « participe à la crédibilité du groupe, qui souhaite prouver son adaptabilité aux attentes quotidiennes des clients. Cette démarche vertueuse nous permet de proposer une offre plus importante que les magasins spécialisés. » Les dernières barrières pour profiter des bienfaits d’une agriculture et d’une commercialisation raisonnée sont peut-être en train de tomber. Tout part de là.