À l’occasion de la 3e édition des rendez-vous du Louvre (23 juin – 15 octobre), le musée Rolin d’Autun revient sur le mythe de la « première femme ». Création de Dieu, symbole de vie, de féminité et de miséricorde, Ève est au cœur de l’art cet été.
Dès l’Antiquité, elle est associée à Vénus, du fait de sa beauté et de sa grâce. Ses représentations artistiques sont les témoins de sa magnificence. L’Ève d’Autun, sculpture attribuée à Gislebertus vers 1130, repose au sein du musée Rolin depuis le 23 juin. Non sans avoir échappé aux collectionneurs privés du monde entier. Magnifiquement restaurée en 2016 et internationalement saluée par les plus grands artistes, elle se dresse face à un public admiratif de sa symbolique vieille de plus de neuf cents ans.
La première femme
Mais qui est-elle ? Que savons-nous exactement de cette femme dont le nom parcourt les lèvres des hommes et de la civilisation depuis l’origine du monde ? Selon le livre de la Genèse, Ève est la mère et le berceau de l’humanité. Si la Bible offre deux versions de l’histoire, Dieu reste à la base de la conception de l’Homme. Après avoir façonné Adam à l’aide de poussière, il crée le paradis dans lequel il installe la faune afin de lui tenir compagnie. C’est alors qu’une idée germe dans son esprit et peu de temps après naît la première femme d’une des côtes d’Adam. Ce dernier la rebaptise Ève. Tous deux sont les premiers êtres parfaits à fouler la verdoyante nature de l’Eden. En dépit de l’apparente luxure, la situation n’est pas faite pour durer. L’impitoyable destinée des amoureux trace son chemin jusqu’aux terres immaculées. Malgré l’interdiction formelle du divin de s’approcher de l’arbre de la connaissance, Ève cède à la tentation du serpent et mange le fruit défendu, pensant que sa dégustation lui ouvrirait les portes de la divinité. Tromperie ultime ! Le Tout-Puissant chasse le couple du Paradis et Ève est condamnée et soumise aux tourments, à la souffrance de l’accouchement, à l’avidité et à l’assujettissement . Son insouciance, sa convoitise et son orgueil n’augurent rien de bon pour l’avenir des femmes.
Mythologie et religion
Par chance, son histoire ne s’arrête pas là et les époques futures tentent, tant bien que mal, de redorer son statut. Le haut Moyen Âge l’affilie à la Vierge Marie qui cherche à racheter la faute de la femme originelle en poursuivant sa quête de l’Immaculée Conception. La Renaissance, à l’image du tableau « Eva prima Pandora » de Jean Cousin l’Ancien, l’associe à Pandore, déesse de la Grèce antique, mêlant avec habileté religion et mythologie. Deux femmes dont les actes se répercutent sur l’humanité et sur la vision de la gente féminine. Les plus jeunes peuvent y voir un lien avec le conte des frères Grimm, Ève s’apparentant à la Blanche-Neige des temps modernes et dégustant la pomme empoisonnée. Quelle que soit sa représentation, la symbolique de la première femme poursuit sa route à travers les âges. Si le destin a influencé Ève dans sa décision pécheresse, il est bon de rappeler néanmoins que sa naissance miraculeuse s’effectua sous le signe de la pureté originelle. Et si Ève n’avait pas mangé le fruit défendu et incité Adam à en faire de même, quelle image arborerait-elle au sein de notre société actuelle ? Passionnés d’Histoire et de mythes, partez à la découverte des origines de la première femme le temps d’une exposition.