Pascale Pfister est déléguée au numérique depuis janvier 2017 à France 3 Bourgogne-Franche-Comté. L’expérimentée journaliste appréhende le métier d’informer avec le souci constant d’en maîtriser les subtilités.
Du web au petit écran, c’est garanti, chacun est servi.
Propos recueillis par Alexis Cappellaro / Photo : Christophe Remondière
Vous êtes une « Femme en Bourgogne » d’adoption. Vrai ?
Tout à fait. Je suis née en Belgique, d’une maman luxembourgeoise et d’une papa alsacien fonctionnaire à la Commission européenne. J’ai vécu ma petite enfance à Bruxelles et à Luxembourg jusqu’à mes 18 ans. À cette époque, je voulais travailler dans l’hôtellerie ou être journaliste. Aucun rapport ! Diplômée du Cuej de Strasbourg, j’ai commencé ma carrière à RTL Télé à Luxembourg avant d’arriver à France 3 Bourgogne en 1989.
Jusqu’à ce poste de déléguée au numérique, pour une antenne régionale Bourgogne-Franche-Comté…
Voilà ! Je suis en charge de la stratégie et de la coordination du développement de nos antennes numériques. Cela fait trop de mots (sourires). L’actu web se développait dans les rédactions des régions mais il n’existait pas de coordination générale. Depuis le 1er janvier 2017, la direction du numérique à Paris en a profité pour créer ces nouvelles fonctions dans les directions régionales.
C’était une sorte de saut dans l’inconnu ?
Je n’étais pas très pointue sur la partie technique, je l’assume et j’y travaille. En revanche, mon expertise éditoriale et dans l’encadrement m’ont permis une belle marge de manœuvre, avec des collaborateurs de qualité. Créer du contenu numérique peut paraître simple, mais cela repose sur un vrai savoir-faire.
Cette nouvelle ère a-t-elle changé la façon de produire et de consommer l’information ?
Complètement, cela a bouleversé nos professions et notre approche du métier. Le web est longtemps resté un peu en marge des rédactions. Aujourd’hui, il est un média à part entière. Celui sur lequel l’info est donnée en premier, à tout moment de la journée. Celui aussi sur lequel certains sujets peuvent être traités de manière différente. Les supports numériques n’ont pas tous le même public. Nous développons aussi des vidéos « hybrides » qui répondent aux habitudes de consommation du web, mais peuvent être aussi diffusées sur l’antenne télé. Par exemple, nos modules « C’est la saison » (sur les fruits et légumes de saison), diffusés sur Facebook, YouTube, et dans l’émission 9h50 le matin.
Avec qui travaille une déléguée au numérique ?
Je n’ai pas vraiment de « troupe » à moi. Mon travail est très transversal, en concertation avec les rédacteurs en chef, le délégué aux programmes, la communication, les cadres techniques… Nous travaillons avec deux éditeurs web, deux chefs infos web, et des équipes de journalistes des rédactions de Dijon et Besançon.
Au bout du compte, le numérique est-il un concurrent de la télévision ?
L’un se nourrit de l’autre. Avant les réseaux sociaux et les chaines d’info continue, les gens prenaient connaissance de l’information à l’heure du journal télévisé. Ce temps est révolu. Chacun attend donc de nos émissions d’actualité non pas une compilation des infos de la journée mais bien du décryptage et des formats plus poussés. Les JT régionaux et les antennes web se nourrissent et s’enrichissent mutuellement. Cette diversité des supports et des formats nous oblige à aller plus loin et être encore plus exigeants sur ce que nous proposons à notre public. Les écrans sont plus nombreux, mais notre mission de service public reste la même !
France 3 Bourgogne-Franche-Comté parvient à résoudre cette équation ?
Nous avons heureusement une image de marque : un service public et média de référence. L’enjeu sur le numérique est d’arriver à conserver cette crédibilité. Nos efforts sur ce point-là sont payants : notre site accueille 41 000 visites par jour en moyenne, et la moyenne mensuelle de vidéos vues sur nos pages Facebook a quadruplé en un an pour la Bourgogne, et doublé en Franche-Comté.
Sans doute parce que Bourguignons et Franc-Comtois ont un rapport intime à l’actualité de leur région ?
Les Francs-Comtois ont une identité régionale très forte, la Bourgogne est un peu plus cosmopolite. La région est en tout cas riche, variée, et passionnante à couvrir ! Je connaissais très bien la Bourgogne et mes nouvelles fonctions me permettent de mieux appréhender la Franche-Comté. Je me rends régulièrement à Besançon. Ici, c’est ma région d’adoption, dans laquelle j’ai vécu le plus de temps. Je ne sais pas si j’y resterai encore longtemps, mais je m’y sens bien.