Le directeur de l’École des Métiers voit passer chaque année quelque 1200 jeunes apprentis sous ses yeux. Ce n’est pas rien ! Épaulé par son président Christophe Le Mesnil, Alain Tomczak assume cette mission avec le sens de l’engagement et une certaine jovialité. Interview.
Propos recueillis par Alexandra Capelovici
Photo : Jean-Luc Petit
Président et directeur, au bout du compte, c’est quoi la différence ?
La différence est simple, le président préside et le directeur dirige (sourires). Autrement dit, Christophe occupe les fonctions politiques de l’établissement et moi celles du manager de terrain. En règle générale, c’est le président qui représente notre établissement auprès des différentes instances professionnelles.
Il vous arrive de ne pas être d’accord, ou tout va bien dans le meilleur des mondes ?
Oui, et heureusement ! Toutefois, nous avons la capacité à nous entendre et à trouver le compromis qui va bien dans l’intérêt de tous.
Le président et directeur que vous étiez au début de l’aventure, est-il le même aujourd’hui ?
Pour ainsi dire oui. Nous avons l’avantage de partager un point commun, celui d’être déterminé à aller au bout de nos objectifs. Mais nous laissons une place importante à l’humain et nos regards croisés balayent le plus souvent ce que l’autre
n’avait pas vu ou pressenti.
Quelle est votre définition d’un apprenti ?
C’est un jeune ou une jeune empreint de la marque de notre société, qui doit faire sa place dans un monde d’adultes où les valeurs auxquelles ils ont été préparés ne sont pas forcément les mêmes que dans le monde du travail. Et avec le sourire,
s’il vous plait !
Et les filles, dans tout ça ? On se plait à les ranger souvent dans la case « coiffeuse » ou « esthéticienne »…
Une récente expérience a démontré que l’intelligence d’un groupe réside avant tout dans l’équilibre homme/femme qui le constitue. Nous ne nous réfugions pas derrière des préjugés. Nous saluons la beauté de notre jeunesse, qui n’a rien à envier à d’autres filières. Plus que d’autres, elles savent vous faire tourner la tête… pour reprendre une mèche rebelle ou bien une ridule récalcitrante (sourires) .
Filles et garçons ont-ils la même approche de l’apprentissage d’après vous ?
Ce qui les caractérise avant tout, garçons ou filles, c’est leur volonté d’entrer dans le monde du travail et d’y trouver les conditions de leur indépendance et de leur épanouissement. La relation qu’ils tissent avec le maitre d’apprentissage a beaucoup d’importance, car ils sont le plus souvent des modèles pour eux.
Être au contact de quelque 1200 jeunes plus ou moins quotidiennement, ce doit être édifiant…
C’est très stimulant, mais on douterait presque d’être atteint par un début d’Alzheimer : face au nombre, on ne se souvient pas de tous ! (sourires) Mais eux se souviennent et il est très agréable de se faire interpeller au détour d’une table de restaurant ou d’un commerce par un poli « bonjour monsieur ».
Quelle formation auriez-vous aimé suivre à l’École des Métiers ?
Sans aucun doute celle de carrossier-peintre automobile. Cette attirance tient probablement du fait d’avoir eu, dans une vie antérieure, un rapport à la matière et sa mise en forme.
La Noue n’est plus La Noue. Mais l’appelez-vous encore, par réflexe affectueux, ainsi ?
Bien entendu ! On ne peut pas effacer 40 ans d’histoire ainsi et on ne le souhaite pas. Nous ne voulons rien renier du passé. Une association des anciens apprentis est en train de naitre pour perpétuer ce sentiment d’appartenance que beaucoup ressentent sans pouvoir le partager en groupe. Vous retrouverez une page dédiée à cette association des anciens sur notre nouveau site internet.