Depuis son Algeco confortablement aménagé, maître Rougeot-Pellion garde un œil vigilant sur le chantier de ses futurs bureaux. Avec son associé « Ben », celle qui aime qu’on l’appelle par son prénom dépoussière le genre notarial. Et casse déjà la baraque.
Par Dominique Bruillot
Photo : Christophe Remondière
Un Algeco. Le bureau de maître Rougeot-Pellion est un Algeco. Une baraque de chantier largement améliorée de laquelle la pétillante et ravissante notaire du 28 boulevard Pompon a vue sur le chantier de construction des futurs bureaux de sa nouvelle étude. Avec son associé et ami de longue date, Benoît Abric, elle savoure avec lucidité et humour cette perspective qui sera le sacre de leur installation, de leur création : « On me dit que ce sera ouvert cet été, mais j’ai un peu de mal à le croire. »
« Un vrai mec »
On est loin, dans cet Algeco joliment aménagé, de la vision dépassée d’une étude poussiéreuse aux odeurs de naphtaline. Alexandra aime que ses clients l’appellent par son prénom. Sans pour autant ménager sa peine, elle garde toujours un peu de son temps pour ses deux enfants, son guitariste amateur de mari, les voyages, les amis à la maison, la pratique de la danse classique, la vraie vie quoi. « J’aime que ça avance, en fait, je suis un mec dans ma tête », plaisante-t-elle pour expliquer l’énergie qui émane d’elle.
Son métier, elle l’a découvert à Fontaine-Française en 2001, dans un milieu rural « riche d’apprentissage », portée aussi par quelques souvenirs de ce grand-père notaire à Gray. Mais elle n’y était pas forcément destinée. C’est au CFPN de Lyon, en 2005, que vient le diplôme, ce sésame qui ouvrira les portes d’un long passage au sein de l’étude Alheritiere à Dijon.
Un heureux hasard car « le papa du notaire avec lequel je travaillais fut le clerc de mon grand-père ». Le 12 septembre 2017 vient le jour du serment. La « loi Macron » lui permet, à défaut de trouver une association, de créer sa propre étude.
Ce sera chose faite.
La bise !
Commence alors le parcours du combattant. Car « il faut du courage et de la pugnacité dans ce projet, heureusement accompagné par la Caisse des Dépôts et Consignation ».
Au départ, la feuille de route est blanche. C’est donc sur la base d’un « petit réseau personnel dijonnais », mais aussi grâce au bouche-à-oreille, que la mayonnaise prend. « Les clients me font la bise, nous sommes dans une démarche certes moins solennelle et protocolaire qu’autrefois, mais cela n’enlève rien à l’autorité que représente notre profession », confesse Alexandra.
La vente immobilière est la clé de conquête d’un nouveau public qu’il conviendra ensuite de fidéliser. Mais déjà, après quelques mois de fonctionnement, des paroles aux actes, la diversité de la fonction notariale conduit régulièrement maître Rougeot-Pellion sur d’autres voies : la famille, la succession bientôt. Le tout, dans une vision raisonnable et raisonnée de l’avenir. « Ben et moi, on ne veut pas d’un gros bateau, on veut rester nous-mêmes », prévient-elle. La preuve, une fois les nouveaux bureaux voisins inaugurés, l’Algeco sera démonté et remplacé par un parking.