Avec l’adjointe au maire de Dijon déléguée à la culture, à l’animation et aux festivals, tour d’horizon des dossiers et des projets qui contribuent à faire de Dijon un phare de la création artistique en France.
Propos recueillis par Patrice Bouillot
Le musée des Beaux-Arts a rouvert ses portes le 17 mai, la métamorphose achevée. Et maintenant ?…
Et bien maintenant il nous reste à faire vivre ce musée tout au long de l’année. L’une de nos priorités, c’est d’élaborer une programmation d’expositions temporaires, en profitant de l’espace dédié mais aussi en imaginant des dialogues avec les collections permanentes comme ce sera le cas pour la première exposition, celle de Yan Pei-Ming.
La création contemporaine, précisément, c’est un sujet sur lequel vous êtes très proactive. Pourquoi ?
Mais parce que l’art d’aujourd’hui doit avoir toute sa place dans la cité. Et à Dijon, c’est le cas, grâce au Consortium, au fonds régional d’art contemporain (Frac), à l’École nationale supérieure d’art (Ensa), aux galeries et aux espaces comme Interface, les ateliers Vortex ou les Chiffonniers. Il y a une véritable ébullition dans cette ville. Nous l’accompagnons, par exemple en positionnant l’art contemporain dans l’espace public, rue de la Liberté ou sur le MUR, rue Jean-Jacques-Rousseau. Ou en créant les ateliers d’artistes de la Halle 38, dans l’écoquartier Heudelet.
Cette « ébullition » se traduit par la tenue d’une quarantaine de festivals chaque année. Y en a-t-il trop ?
On ne se pose pas ce genre de question à Lyon ou à Marseille ! Quand on est une grande ville, comme c’est le cas aujourd’hui de Dijon, la culture vit et s’épanouit, à travers une offre de rendez-vous riche, diversifiée, proposée par les acteurs du territoire et les établissements culturels (Opéra, Vapeur, Minoterie, Théâtre Dijon-Bourgogne…). Je ne vois pas en quoi cette variété poserait le moindre problème. On nous reproche parfois qu’il n’y ait pas de grand festival international à Dijon. Mais je ne pense pas que les Dijonnais(es) soient prêt(e)s à hypothéquer la richesse culturelle de cette ville en misant tous nos moyens sur un seul rendez-vous ! Réjouissons-nous donc plutôt que, chaque jour, des événements culturels de très bon niveau soient proposés à Dijon.
Un nouveau festival justement voit le jour cette année : Vyv-Les Solidarités…
C’est une opportunité que Dijon a su saisir : organiser ici ce rendez-vous singulier, sur le modèle d’un festival qui existe déjà à Namur, et qui permet de croiser une programmation musicale de haut vol et des rencontres sur le thème de la solidarité. La ville de Dijon est partenaire technique et logistique, mais pas financier, de ce nouveau festival qui, j’en suis certaine, va devenir un temps fort de l’offre culturelle du territoire.
Parmi les projets sur lesquels vous travaillez, il y a l’installation d’Art Danse au théâtre des Grésilles. Où en êtes-vous ?
Le centre de développement chorégraphique national (CDCN) de Dijon, dont le nouveau directeur est Frédéric Seguette, va en effet s’installer dans cet espace, dont nous allons entreprendre la rénovation et la transformation en studio pour la danse. Mais le projet déborde les murs du théâtre des Grésilles : il est en lien avec le quartier, avec les associations, il va au-devant des habitants dans une volonté forte de médiation.
Que va devenir le grand théâtre ?
Cette belle maison a besoin d’une rénovation. Mais surtout elle doit trouver un nouveau rôle à jouer, en lien avec le musée des Beaux-Arts et La Nef tout proches. Je tiens à ce que ce théâtre, patrimoine exceptionnel, redevienne le lieu de travail et d’expression d’artistes, à travers des propositions originales. La réflexion est engagée.
Deux nouveaux cinémas vont voir le jour à la Cité internationale de la gastronomie et du vin. Une bonne nouvelle pour vous ?
Oui ! Et ce sera une opération très originale, suivie de près à ce titre par le Centre national de la cinématographie : côte à côte, un cinéma généraliste et un cinéma d’art et essai, qui vont travailler ensemble, créer des passerelles. Dijon gagnera 13 salles de grande qualité. La fermeture du Devosge devra permettre au Darcy, haut-lieu du septième art dans notre ville, de retrouver toute sa place. Tout cela constitue une bonne nouvelle pour les cinéphiles.
À vous entendre, la culture se porte donc formidablement bien à Dijon !
Je me réjouis de ce bouillonnement d’acteurs, de projets, de propositions. De Rameau à Vitalic comme je le dis souvent, de l’Opéra à la Péniche Cancale, nous avons la chance de vivre ici sur un territoires des possibles. Incontestablement, Dijon est devenue une capitale culturelle.