Double championne du monde de voltige, Aude Lemordant va remettre son titre en jeu en août prochain à Châteauroux. D’ici là, elle fera ses gammes lors du Meeting de France où près de 40 000 spectateurs sont attendus le 7 juillet, à l’aéroport Dijon-Bourgogne. Ce show d’exception autour de l’excellence aéronautique sera l’occasion d’en prendre plein les yeux et d’être ébloui par les performances de cette pilote hors pair.
Propos recueillis par Julie Letourneur
Femmes en Bourgogne : Comment est née cette envie de décoller ?
Aude Lemordant : J’ai toujours regardé les avions avec une certaine envie. Je crois que c’est pour ça que l’on m’a donné l’opportunité de faire mon baptême de planeur à 14 ans. C’était la première fois que je touchais le manche d’un avion et je n’ai pas voulu arrêter.
Avant d’être championne de voltige aérienne, vous avez fait de l’aviation votre métier…
Quand on est jeune, on se demande ce que l’on va faire dans la vie, il faut se trouver un métier. Pour moi, c’était normal de me renseigner sur la carrière de pilote et de tout mettre en œuvre pour le devenir. La voltige est venue dans un second temps. Mon premier objectif était d’avoir un métier dans les airs. Comme pour tout, ça a demandé un gros investissement personnel mais si on a la motivation, c’est accessible. Il faut s’accrocher. Aujourd’hui je pilote des Boeing 777 sur des longs courriers pour Air France.
L’univers aéronautique garde une image masculine. Est-ce que ça a été difficile de faire sa place ?
C’est sûr, les femmes restent une minorité. Chez Air France, on doit être entre 8 et 10 % de pilotes de ligne femmes mais on est bien intégrées même si nous sommes peu nombreuses. Comme dans tous les métiers masculins, je suppose, j’ai entendu de tout pendant ma carrière mais j’ai surtout constaté une évolution. Voir une femme pilote est devenu plus banal, presque courant et les gens s’y sont habitués.
Comment s’est faite la bascule vers la voltige aérienne ?
Dans la formation de pilote, on utilise des avions de voltige pour apprendre à sortir de position inusuelles. De ce module d’apprentissage, j’ai gardé l’envie d’aller plus loin pour voir ce que l’on pouvait faire avec ces avions.
Alors, qu’avez-vous vu ?
Qu’ils sont très maniables ! On voit la Terre avec la tête en bas, on fait des loopings, c’est du pilotage de l’extrême. Avec ces machines performantes on cherche une sorte de perfection. Quand on voit un meeting, on peut croire que l’on fait les zouaves en l’air alors que c’est tout le contraire de l’image que l’on renvoie, il faut une maîtrise. C’est la formule 1 des airs avec un avion qui va à 400 km/h ! La voltige aérienne demande une grosse part de concentration pour enchaîner rapidement les figures. En l’air, on doit être à 100 %.
Les championnats du monde approchent, vous allez remettre votre titre en jeu. Comment vous préparez-vous ?
Je suis en congé parental donc je me consacre à ma fille et à la voltige avec mon Extra 330 SC. C’est un monoplace de 330 chevaux et 600 kilos. Avec lui, à peine on compte jusqu’à 1 qu’il a déjà fait un tour sur lui-même. Il est basé à Darois et je fais les championnats de France sous les couleurs de Dijon Voltige. Pour la préparation physique et mentale, je vais au Creps Dijon-Bourgogne. D’ailleurs le Meeting de France me donne l’occasion de me produire à domicile et c’est plutôt sympa !