Depuis la rentrée 2022, l’agenda déjà bien rempli de Cindy Fabre n’a cessé de s’étoffer. Normal : la Miss France 2005 a aujourd’hui repris les rênes du concours de beauté. Malgré ses nombreux déplacements, ses activités pour EMA Events et Talent Lab ainsi que ses nouvelles fonctions au sein de la société Miss France, elle a tout de même réussi à trouver le temps de nous accorder un entretien. Toujours fidèle à ses racines dijonnaises, elle nous reçoit dans une somptueuse chambre du Grand Hôtel La Cloche pour nous présenter les différentes facettes de sa nouvelle vie. Entretien.
Femmes en Bourgogne. Je souhaitais commencer l’entretien en faisant ressurgir quelques souvenirs. Pouvez-vous nous parler de cette fameuse nuit du 4 décembre 2004 pendant laquelle vous avez été sacrée Miss France ? Comment l’avez-vous vécue ?
Cindy Fabre. Étrangement, j’ai gardé très peu de souvenirs de cette soirée. J’ai eu un véritable black- out lors de l’élection et lors des 72 heures qui ont suivi. Quand j’ai participé, c’était à la base un pari avec ma mère, afin de lui montrer que je n’avais aucune chance de pouvoir remporter ne serait-ce qu’un concours local. Je voulais juste qu’elle arrête de me bassiner avec ça et, finalement, ça a loupé pour le local, ça a loupé pour le régional, et même pour le national ! C’était un vrai choc émotionnel, un tourbillon, et je n’avais aucune prise de conscience de ce qui allait m’attendre. Le soir même, je me rappelle avoir été très anxieuse, car je ne voyais plus mes parents dans le public. C’est seulement quelques jours plus tard, quand je suis arrivée dans l’appartement à Paris, avec mes valises du concours, que j’ai compris que je ne rentrerais pas chez moi.
Pour faire un parallèle avec ce qu’il vous arrive aujourd’hui, avez-vous éprouvé la même joie quand Alexia Laroche-Joubert s’est rapprochée de vous pour ce nouveau poste de directrice du concours national Miss France ?
Ce fut aussi un étonnement car, là, on venait me chercher pour mes compétences professionnelles. C’est certes grâce à cette aventure Miss France, mais surtout car, durant toutes ces années, j’ai su développer des compétences particulières dans l’événementiel. Donc oui, c’était étonnant, car j’avais un peu raccroché les talons et le maquillage pour les polaires et l’événementiel. Devenir directrice du concours, c’était comme une deuxième nomination.
D’ailleurs, comment avez-vous appréhendé le passage de relais avec Sylvie Tellier ?
Il n’y a pas vraiment eu de passation. Sylvie avait déjà cette volonté de partir vers de nouvelles aventures. Il a quand même fallu que j’intègre l’équipe qui était en place sous son ère. Il fallait donc le temps de prendre ses marques, ses repères, de bien intégrer les différentes mécaniques en œuvre au sein de la société Miss France. Donc, je l’ai surtout abordé avec beaucoup de curiosité. J’ai retrouvé pas mal de similitudes avec la production d’une émission de télévision comme Miss France ou les métiers de l’événementiel, parce qu’au final c’est de l’entrepreneuriat ! Je n’étais donc pas vraiment perdue, et même plutôt à l’aise.
Votre vie devait déjà être active, mais j’imagine que, depuis votre nomination, votre emploi du temps s’est fortement chargé. Pouvez-vous nous dire à quoi ressemblent vos semaines en ce moment ?
Actuellement, mes journées se jouent beaucoup entre Dijon, Paris, les différentes régions françaises, dont dernièrement la Guadeloupe. Les semaines ne se ressemblent pas, mais ce sont les mécaniques qui se reproduisent. Il y a des événements pour la société EMA Events, des événements chez Miss France, des déplacements… En fait, les journées sont souvent trop courtes et c’est difficile de lever le pied.
En plus, vous avez décidé de continuer à habiter à Dijon. Un choix de cœur pour la Bourgogne ?
C’est un choix nécessaire. D’une part parce que je suis associée chez EMA Events et qu’il était hors de question que j’arrête mon activité en tant que cheffe de projet dans l’entreprise. Dans l’événementiel, on a besoin d’être proche des équipes et de rester connecté, donc c’est important d’être à Dijon. D’autre part, parce que j’ai mon fils, ma vie familiale et personnelle ici. J’ai besoin de rester connectée aux régions, car elles sont le poumon de notre France, et qu’il est important de ne pas se concentrer que sur la capitale.
À côté de la société Miss France, vous portez donc deux autres casquettes : une en tant qu’associée dans la société d’événementiel EMA Events, l’autre en tant que directrice chez Talent Lab. Avec vos nouvelles fonctions, allez-vous pouvoir continuer ces deux activités ?
Totalement ! Mon objectif est de continuer à développer ces trois entités. J’ai signé pour prendre la direction de Talent Lab et assurer un lien entre les talents et l’agence. Nous avons des anciennes miss, mais aussi des personnes issues de la télé-réalité et des réseaux sociaux. Ensuite, il y a Miss France, où j’ai pris la direction du concours et où je dois assurer le lien avec les régions. Et bien évidemment, il y a EMA Events : comme je l’ai expliqué, je n’ai jamais imaginé arrêter cette activité. Ce qui est marrant, c’est que, bien avant que je ne prenne ce poste au sein d’EMA, la société travaillait déjà avec Miss France et avait même organisé l’élection il y a dix ans. À mon arrivée chez EMA, on avait accompagné la ville de Montpellier dans l’accueil d’une édition. Donc si on peut apporter notre expérience pour développer de nouveaux concepts, ça sera cohérent !
L’événementiel, c’était une vocation de longue date ?
Pas du tout. En fait, après l’élection de Miss France, j’ai fait beaucoup de télé, du mannequinat… Et un jour, j’ai eu un accident domestique avec un clou qui m’a transpercé le visage. C’est là que je me suis dit que je ne pouvais pas ne compter que sur le physique. Je me suis dit : “Si je ne peux plus utiliser mon corps, qui est quand même l’un de mes outils de travail, qu’est-ce que je fais ?”. Ça a été une vraie prise de conscience. J’ai donc essayé de trouver du boulot et ce n’était pas simple. Mais c’est vrai que je me suis sentie toujours plus à l’aise derrière la caméra que devant. Même au moment de Miss France, j’étais toujours planquée avec les photographes. C’est à ce moment-là que j’ai découvert l’événementiel.
“Bien au-delà d’être un concours de beauté, nous sommes avant tout un concours d’élégance”
Pour parler plus précisément du concours, il y a une question qui, j’imagine, doit revenir souvent. Peut-on être miss et féministe ? Quel est votre avis sur la question ?
Le sujet du féminisme revient en effet chaque année. Nous sommes la deuxième émission de divertissement la plus regardée sur TF1. Nous
arrivons à générer, à rassembler et même à fédérer plusieurs millions de téléspectateurs… Pour moi, le féminisme, c’est ni plus ni moins accepter et défendre le droit des femmes. À partir du moment où des femmes remettent en question le droit d’autres femmes, ce n’est pas du féminisme. Donc laissons le choix à ces jeunes femmes qui acceptent de concourir et d’embarquer leur famille, leurs amis dans cette aventure ; qui arrivent à soulever des régions entières derrière elles pour représenter leur patrimoine… Personnellement, je trouve ça admirable. Il y a peu d’organismes qui permettent de mettre en lumière les régions qui composent notre belle France. Bien au-delà d’être un concours de beauté, nous sommes avant tout un concours d’élégance, avec des jeunes femmes assumées, qui souhaitent vivre une aventure incroyable.
L’année dernière, Andréa Furet fut la première candidate transgenre à participer au concours. Il y a donc eu une évolution des mentalités de la part de la société Miss France. Quel est votre regard sur cette évolution ?
Nous ne sommes pas sur une évolution des mentalités, nous sommes sur une évolution des critères de sélection. C’est-à-dire que nous acceptons toutes les femmes qui sont d’état civil féminin. Après, tout le reste ne nous regarde absolument pas. Cela relève de l’intimité et,
comme l’orientation sexuelle, nous ne sommes pas là pour entrer dans l’intimité des gens. Pour moi, il n’y a pas de candidate transgenre à l’élection Miss France, il y a seulement des candidates d’état civil féminin.
Est-ce qu’il y aura de nouveaux critères pour le concours avec votre arrivée ?
Ils ont déjà été suffisamment élargis. Toute jeune femme de plus de 1,70 mètre peut participer au concours. On peut être mariée, avoir des enfants, même avoir 60 ans qui sait. Tant que vous avez réussi à embarquer les spectateurs des élections régionales et que vous finissez en tête du concours, vous pouvez faire partie de l’aventure Miss France. Après, encore une fois, ce sont les Français qui votent, ce n’est pas nous.
“La seule chose dont je suis sûre, c’est que le concours évoluera au même rythme que la société”
Comment appréhendez-vous votre première émission en tant que directrice ? Quelle sera la “patte” Cindy Fabre ?
Ça va être un nouvel exercice, car je vais co-présenter l’émission avec Jean-Pierre Foucault. Quand bien même je me suis déjà exprimée devant plusieurs millions de téléspectateurs, je n’ai jamais fait de co-présentation en direct. J’ai hâte de partager ce moment avec lui et je suis sûre qu’il sera de bon conseil. Concernant l’identité, on l’a déjà observé cette année : l’objectif était de rendre les candidates plus actives et moins dans les poses dans lesquelles on pouvait les attendre. On souhaite apporter un peu plus de naturel à travers leurs photos, afin de comprendre réellement qui elles sont. Il y a aussi cette volonté de redonner une plus grande place aux régions et au patrimoine. Nous devons traiter ce sujet en collaboration avec les régions. Nous avons vu déjà, à travers le portrait de certaines jeunes filles, des mises en lumière de lieux et de monuments emblématiques de nos territoires.
Pour finir, comment imaginez-vous le concours d’ici à 2030 avec une société aussi mouvante ?
Il y aura toujours des évolutions, c’est sûr. Comment sera la télévision dans 30 ans ? Comment se portera l’événementiel dans 30 ans ? Est-ce qu’on sera sur d’autres plateformes ? Qui peut dire vraiment à quoi cela ressemblera ? Nous avons déjà vécu une pandémie qui a totalement bouleversé nos manières de vivre. La seule chose dont je suis sûre, c’est que le concours évoluera au même rythme que la société.
Instagram : @cindyfabreoff