Par leur génie et leur anticonformisme, elles ont contribué à faire évoluer les mentalités dans des domaines très variés. Revue non exhaustive (heureusement !) de ces Bourguignonnes éternelles.
Illustrations : Jodie Bougaud
Colette (1873-1954)
Libre Poyaudine
Saint-Sauveur-en-Puisaye, dans l’Yonne, fut sa maison. Quand Colette écrit sa première série de roman, les fameuses Claudine, elle les signe de son mari Willy. Après sa séparation, ces chefs-d’œuvre porteront son seul nom. Colette est non seulement un monument de la littérature, elle demeure une des rares femmes « libres » des années 1900. Ouvertement bisexuelle, celle qui fut la première présidente de l’académie Goncourt en 1949 s’affranchissait volontiers des codes de bienséance de l’époque.
Marguerite Boucicaut (1816-1887)
Passion shopping
Le destin extraordinaire de cette Saône-et-Loirienne est notoire. Jeune gardienne d’oies illettrée dans le village de Verjux, Marguerite Boucicaut (née Guérin) fondera le fameux grand magasin Au Bon Marché à Paris aux côtés de son mari Aristide. Précurseure en matière de préoccupations sociales et économiques, elle lèguera son immense fortune à des œuvres de bienfaisance et à ses employés, allant même jusqu’à financer un pont dans son village natal qui porte encore son nom.
Marcelle Pardé (1891-1945)
Résistante
Directrice du lycée de filles de Dijon en 1935, Marcelle Pardé a d’abord sillonné le Moyen-Orient grâce à une bourse pour mener une enquête sur l’état des écoles françaises. Quand la guerre éclate, elle refuse de quitter la France, préférant s’engager dans la résistance. Arrêtée puis déportée, elle meurt en janvier 1945 à Ravensbrück. Le lycée dijonnais prit son nom à la fin de la guerre, avant que celui-ci ne devienne un collège en 1967.
Herminie Cadolle (1842-1924)
Libérées, délivrées !
Exposition universelle de 1889. L’Icaunaise Herminie Cadolle présente sa nouvelle invention : le soutien-gorge ! Mata Hari, la duchesse de Windsor ou Coco Chanel ont été les ambassadrices de cette innovation, appelée à l’époque « corselet-gorge », qui a tout simplement révolutionné la lingerie féminine. Et libéré bien des femmes de l’oppression du corset…
Kiki de Montparnasse (1901 – 1953)
Muse des Années folles
Elevée dans la misère par sa grand-mère à Châtillon-sur-Seine, Alice Prin rejoint sa mère à Paris en 1913. La suite de l’histoire est connue : Alice devint « Kiki » d’après un surnom du peintre Kisling, et entame une vie de chanteuse, danseuse, gérante de cabaret… Coiffée de sa légendaire coupe au bol, la reine de Montparnasse animera le quartier durant l’entre-deux-guerres et sera la muse (et l’amante) de nombreux grands artistes comme Modigliani.
Un grand pas pour Le Creusot
La Creusotine a emmené un peu de Bourgogne dans les étoiles. Première spationaute française de l’histoire, bachelière à l’âge de 15 ans et mine de rien titulaire d’un… Bac +19 (doctorat de médecine, certificats de médecine du sport, de médecine aéronautique et spatiale, de rhumatologie, DEA de biomécanique, doctorat de neurosciences), cette charismatique dirigeante connut également les responsabilités ministérielles, déléguée à la Recherche (2002-2004) – devant composer avec un budget historiquement faible – puis aux Affaires européennes (2004-2005) sous le gouvernement Raffarin. Elle est actuellement conseillère à l’Agence spatiale européenne. Chez nous, le lycée professionnel de Blanzy (71) porte son nom.
Claude Darciaux (1942)
Madame la députée
En 1942, Claude Darciaux nait à Besançon. C’est pourtant en Côte-d’Or que cette professeur, militante du PS depuis 1977, deviendra la première femme députée du département en 2002, avant d’être réélue cinq ans plus tard. Chevalier de la Légion d’honneur, elle fut également maire de Longvic de 2005 à 2014 et a marqué la vie politique locale par son engagement et ses petites faceties comme le jour où elle avait promis de sauter en parachute si la BA 102 restait à Longvic – ce qu’elle n’a jamais pu faire à cause d’un problème cardiaque.