C’est une petite révolution sur le marché de l’immobilier dijonnais. Deux agences locales bien implantées – Cogim et Parisel – ont fusionné. Mais surtout, elles se sont rangées sous l’enseigne américaine Keller Williams. Un bulldozer qui exporte ses méthodes jusque dans son « market center » de Dijon.
Par Patrice Bouillot
Photos : Jonas Jacquel
Ne dites plus « agence immobilière » mais « market center ». Dans le bâtiment tertiaire tout près de la place de la Nation où se sont installées depuis l’été dernier les équipes Parisel, Cogim et Keller Williams, c’est l’effervescence toute la journée. Il faut dire que 35 collaborateurs, salariés ou non, vont et viennent dans ce lieu qui, en effet, ne ressemble pas à une agence traditionnelle. Dans une ambiance très lumineuse s’alignent des bureaux séparés par des murs blancs et des cloisons vitrées. Au centre, une vaste salle de réunion qui occupe « un tiers de l’espace », précise Catherine Vandriesse, gérante de Cogim et une des trois associés du bureau dijonnais de Keller Williams avec Hombeline Teillard-Parisel et Pierre-Emmanuel Parisel. Cette salle est le centre névralgique de toute l’activité de la franchise dijonnaise du géant américain – Keller Williams est le numéro un mondial de l’immobilier, avec 190 000 agents sur la planète. C’est là que, tous les jours, les négociateurs viennent se former. « La formation continue des agents est la marque de fabrique de Keller Williams, souligne Catherine Vandriesse. L’agent est au cœur de la transaction, il est formé et coaché pour proposer à nos clients un service performant de très haute qualité. Nous sommes un véritable espace de coworking où se développe une culture de l’entrepreneuriat, dans le respect de la charte des valeurs de Keller Williams. Cette philosophie vaut à l’enseigne d’être considérée outre-Atlantique comme l’entreprise américaine la plus bienveillante. » Le bureau dijonnais n’a ouvert que depuis quelques semaines mais déjà 24 négociateurs sont sur le terrain, quand les deux agences Cogim et Parisel n’en comptaient que neuf jusqu’alors. « À terme, nous aurons une cinquantaine d’agents, précise Catherine Vandriesse, soit environ 10 % de l’effectif total du département de la Côte-d’Or. » La notoriété de Keller Williams et ses méthodes qui ont fait leurs preuves depuis 1983 aux États-Unis devraient suffire à ramener assez d’affaires pour cette équipe considérable, avec des rémunérations plus que confortables sitôt atteint un certain chiffre d’affaires. « Nous ne nous concentrerons pas que sur Dijon, précise la responsable. Nous avons identifié des territoires à fort potentiel comme la zone Is-sur-Tille – Selongey, la vallée de l’Ouche et le val de Saône. En plus du secteur beaunois où nous avons déjà une agence. »
« Nos agents sont formés et coachés tous les jours. C’est la marque de fabrique de Keller Williams. » Catherine Vandriesse.
Intelligence artificielle
L’arrivée de Keller Williams à Dijon constitue à n’en pas douter un événement de taille dans le petit monde de l’immobilier. « Nous importons des méthodes de travail rigoureuses qui reposent sur des principes simples et efficaces. Par exemple, nous travaillons à 45 % avec des “success mandats”, des mandats exclusifs dans le cadre desquels nous garantissons à nos clients de coopérer avec n’importe quelle agence qui souhaiterait visiter le bien pour l’un de ses clients acheteur. En cas de divergence sur l’évaluation, nous avons un système qui, automatiquement, au bout d’un mois, s’il n’y a pas preneur, ramène le prix du bien au montant auquel nous l’avons évalué. » Cette approche client fait le succès de Keller Williams, qui a entrepris depuis quelques années, sous l’impulsion de son fondateur et dirigeant Gary Keller, un développement international frénétique, en Europe et en Asie : en trois ans, 23 « market centers » ont ouvert en France, et il devrait y en avoir 80 d’ici à 2022. Cogim et Parisel, deux agences qui cumulaient à elles deux 100 ans d’histoire, se sont fait un nom dans les métiers de la transaction, de la gestion et du syndic et travaillaient déjà tout en complicité, ont saisi l’opportunité d’implanter KW dans la capitale de la Bourgogne- Franche-Comté, où chaque année plus de 1 500 logements neufs sortent de terre, signe du dynamisme de l’immobilier local. La force de frappe d’une enseigne de cette dimension se traduit par exemple par l’apport de technologies innovantes. Dès l’an prochain, les négociateurs dijonnais utiliseront l’application Kelly développée aux États-Unis, truffée d’intelligence artificielle permettant de sélectionner finement les biens à proposer à un client. L’immobilier de demain, aujourd’hui à Dijon.