“Cogito, ergo sum” (“Je pense donc je suis”). Pour Descartes, avoir une conscience est une preuve suffisante de son identité. Pourtant, si le célèbre précepte résonne comme une affirmation, il emploie le doute méthodique. Descartes remet en question ses connaissances et ses opinions, générant ainsi le doute. Or, pour douter, il faut penser. CQFD : si je doute, je pense et si je pense, je suis. Mais qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Plus précis que la question d’identité, parlons sexe, orientation sexuelle et genre.
Transidentité, non-binarité, pansexualité, univers du drag… ce lexique fait aussi mouvante, il est parfois bon de revenir à l’essentiel et de rédéfinir ces termes: le sexe correspond par définition aux attributs biologiques de la naissance, du système reproducteur aux caractéristiques physiques en passant par les chromosomes et les hormones. L’orientation sexuelle désigne quant à elle l’attirance (sexuelle ou affective) ressentie pour des personnes. Si celles-ci sont de même sexe que soi, on parle d’homosexualité; si elles sont de sexe différent, on parle d’hétérosexualité; si l’attirance s’exerce pour les deux sexes, on parle de bisexualité ou de pansexualité; et pour une personne n’ayant aucun désir sexuel (bien qu’elle puisse éprouver des sentiments amoureux et apprécier l’intimité physique), on parle d’asexualité. Le genre est, quant à lui, un système de normes hiérarchisées et structurantes. C’est l’identité établie et donnée par la société à travers les rôles et les comportements. C’est une construction sociale, psychologique et culturelle. La notion de genre est arrivée dans les temps de guerre, lorsque les femmes ont été contraintes de travailler à la place des hommes partis au front. C’est alors que l’on a commencé à entrevoir la différence entre le sexe biologique et le sexe social.
“Fais pas genre”
Le genre humain a pendant longtemps été proposé dans un schéma très binaire (féminin/masculin). Pourtant, dans une société en pleine mutation, il est désormais nécessaire de prendre en compte un spectre de genres bien plus large. C’est en ce sens que la génération Z (les personnes nées entre 1990 et 2010) grandit et évolue. Cette génération assumée bouscule les pensées limitantes : elle entend faire différemment, insuffler de nouvelles valeurs, proposer un nouveau langage – à l’instar de l’écriture inclusive. Sans explorer l’ensemble du lexique du genre, il convient de différencier les personnes cisgenres (à qui le sexe attribué à la naissance convient), les personnes transgenres (à qui le sexe assigné à la naissance ne correspond pas à l’identité ressentie) ou encore les “genderfluid” (dont l’identité de genre est changeante).
Depuis quelques années, c’est une autre forme de genre qui interpelle particulièrement.
Nicola Sirkis, leader du groupe Téléphone, l’avait déjà évoquée en 1985 avec Troisième sexe: les personnes non-binaires – ou a-genres (l’artiste a d’ailleurs réinterprété récemment son tube avec l’artiste Redcar, engagé auprès de la communautée LGBT+, comme un symbole de cette évolution des genres). Ce sont celles qui ne se reconnaissent ni dans les constructions sociales du genre féminin, ni dans celles du genre masculin, quel que soit leur sexe biologique. Faute de mot français, certains utilisent l’un des néo-pronoms “iel” (équivalent du “they” anglais) qui contracte le “il” et le “elle”. Voilà un petit mot de trois lettres qui fait beaucoup parler de lui. Ou plus exactement “d’iel”.
Retrouvez notre second reportage ci-dessous :
Interview de Kildine Bataille : “Les transitions de la société, nous les vivons ensemble !”