En 2019, nous célébrons les 130 ans de la Tour Eiffel. L’auteure Véronique Brunet s’intéresse à la mère du célèbre ingénieur dijonnais. « Mélanie Eiffel, mère et femme d’entreprise moderne en Bourgogne », c’est le titre de son livre, qui vient de paraître aux éditions du Revermont.
Par Déborah Levy
Photo : Christophe Remondière
« Après trente années d’expérience, Gustave Eiffel a construit la Tour Eiffel en deux ans et deux mois. Je me suis lancé le défi d’écrire un livre sur sa mère, Mélanie, en deux mois et deux jours : j’ai commencé le 14 janvier dernier et fini le 16 mars ! », s’enthousiasme Véronique Brunet. Le point de départ de cette envie : la stupéfaction devant le dispositif sécuritaire anti-attentat autour de la Tour Eiffel. « Professeure d’architecture dans une école d’art à Paris, je me baladais avec mes élèves dans le quartier du Champ de Mars et cela m’a intriguée de voir ces murs protégeant le monument. Comme je m’intéresse beaucoup aux femmes, je me suis demandée qui se cachait derrière Gustave Eiffel. Quand j’ai commencé à lire des éléments biographiques sur sa mère, ça m’a passionnée et j’ai décidé d’en faire un livre. »
L’histoire de Mélanie Moneuse-Eiffel est indissociable de la Bourgogne. Mélanie rencontre son futur mari Alexandre Eiffel dans une caserne militaire, alors qu’elle livre du bois avec son père, lui-même négociant. « J’accepte de vous donner la main de ma fille si vous quittez l’armée », lui aurait dit celui-ci. Mélanie et Alexandre se marient et ce dernier décroche un poste à la préfecture. Madame Eiffel quant à elle s’installe dans un entrepôt au port de Dijon pour vendre du charbon. « C’est l’époque de la construction du canal de Bourgogne et du chemin de fer : il y a beaucoup de travail pour les industries locales », poursuit Véronique Brunet.
À la naissance de Gustave, en 1832, Mélanie crée une entreprise et devient une femme active moderne. « J’ai fouillé dans les archives du fonds Gustave-Eiffel au musée d’Orsay et j’ai découvert que Mélanie était une dame de fer, une “maîtresse femme”. Elle aura trois enfants avec Alexandre : Gustave, Laure et Marie. Elle les placera en pension pour pouvoir se consacrer pleinement à son entreprise et la faire prospérer ! »
Gustave ne serait rien sans sa mère
Le livre raconte aussi l’enfance de Gustave Eiffel dans le vieux Dijon, ses vacances à Gilly et à Vougeot, son premier voyage et ses études à Paris, puis son évolution vers le métier d’architecte du métal et la réalisation de la Tour Eiffel. « J’ai adoré explorer cette histoire méconnue, qui m’a fait comprendre le caractère bien trempé de Mélanie. » Véronique Brunet fouille aussi dans les archives municipales de Dijon et aux archives départementales de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire. « J’avais l’impression de mettre au jour un trésor à chaque fois que je trouvais de nouveaux détails sur son histoire. Par exemple ce qui fit la fortune de Mélanie dès 1835 : trois ans après ses débuts, elle signa un contrat d’exclusivité très juteux avec les mines d’Épinac, près d’Autun. Des milliers de tonnes de charbon arrivaient tous les jours à Dijon. On peut vraiment dire que Mélanie Eiffel a contribué au bien-être et à la prospérité de la vie économique de la ville. » Et comme l’entrepreneuse avait de l’ambition pour son fils, elle lui offrit une éducation de luxe pour l’époque. « C’est elle qui lui fit rencontrer sa femme. Gustave se mariera même à Dijon et reviendra pour célébrer la construction de la Tour Eiffel dans sa ville natale… » La petite histoire dans la grande !
Mélanie Eiffel, mère et femme d’entreprise moderne en Bourgogne, par Véronique Brunet.
Le livre est disponible dans toutes les bonnes librairies et directement à la maison d’édition du Revermont en Saône-et-Loire.
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