À 11 ans, Jean-Manuel piquait les ciseaux de son grand-frère Stéphane pour couper les cheveux de ses potes dans la salle de bain. Associés depuis 23 ans, quittant leur salon de coiffure historique de la rue Berbisey à Dijon, Jean-Manuel et Stéphane Verne ont ouvert un atelier de coupe à deux pas de là.
Par Olivia de Lestrange
Photos : Christophe Remondière
Du sur mesure mixte où l’on prend son temps. Tel est leur crédo. « Nos coupes précises, d’inspiration anglo-saxonnes, ne nécessitent aucun brushing, certifie Jean-Manuel. On s’adapte à la texture des cheveux, à la morphologie du visage. La mode des autres n’est pas forcément faite pour vous. » « Ça passe par le dialogue, bien sûr, complète son frère Stéphane. Pour une dame aux cheveux bouclés qui les voudrait lisses, nous réussirons une jolie coupe avec ses cheveux souples qu’elle séchera rapidement. »
Jean-Manuel est très clair sur l’esprit du lieu : « Une brune ne ressortira jamais blonde, nous respectons les cheveux et les décolorons légèrement avec des produits finement dosés, comme ceux de la marque italienne Davines ou avec des colorations 100% végétales à base de henné. » Cela inspire confiance.
Du hipster au p’tit gars
Diplômés d’état barbiers, les frangins accueillent l’homme de tout âge, du hipster et du petit gars qui veut former sa première barbe aux plus âgés. Les hommes viennent chercher un moment à eux. Rituel de la serviette chaude, application de produits pour préparer la peau et le poil et de baumes pour adoucir (ici, on est fidèle à la marque Proraso, inchangée depuis 60 ans), le rasage à l’ancienne est protocolaire.
Chaque barbier a sa sensibilité, son toucher, sa vision artistique. C’est un acte artisanal. Jean-Manuel et Stéphane rasent et taillent avec des coupe-choux de 60, 90 et 100 ans d’âge. « Nous chinons et restaurons nos rasoirs nous-mêmes et les affûtons sur des pierres à eau japonaises. » On vient donc à l’atelier de la rue du Petit Potet par plaisir, souvent en avance, pour s’offrir une parenthèse dans un lieu apaisant, un coin caché, très intime, gentiment confidentiel. On vient pour l’accueil simple et souriant, pour le café sur la table échiquier, pour une pause déjeuner tiré du sac dans le patio.
L’atelier est un véritable cabinet de curiosités vintage des années 1930 à 80, chinées et customisées maison. Le poste de coupe ? Un pied années 70, une table années 40 et un miroir. Celui de barbier ? Un pied de machine à coudre Singer, deux poutres, de la ferraille et un vieux vaisselier. Quant au tourne-disque Melovox acheté à la Clé de Sol dans les années 60, restauré, il fonctionne ! Ça vous la coupe hein ?