En rejoignant, un jour comme les autres, son bureau, Amandine Dirand a éprouvé un déclic. Elle ne se reconnaissait plus dans cet emploi qui n’avait rien de semblable au métier qu’elle voulait exercer : photographe. Depuis trois ans, elle s’épanouit derrière l’objectif.
Par Julie Letourneur
Photo : Sylvain Tran / Imonlychips
Après un BTS assistante de gestion PME- PMI, Amandine Dinand entre dans la fonction publique comme assistante de direction. Mais voilà, ce n’est pas le job de ses rêves. « Quand on m’a offert mon premier appareil réflex à 20 ans, j’ai su ce que je voulais faire de ma vie. La photo me fascinait déjà mais je n’avais pas le bon équipement. » Elle aurait volontiers intégré une formation de photographe, pas obligatoire pour exercer ce métier, mais le budget nécessaire lui en fermait les portes. En autodidacte, elle a progressé, appris les réglages et les bonnes compositions, le jeu des lumières… Mais ça ne lui suffisait plus alors elle a plaqué la sécurité de l’emploi dans la fonction publique, le salaire fixe assuré qui l’accompagnait et les horaires
« Je ne veux pas me spécialiser, m’enfermer. Ce qui me plaît dans mon travail, c’est la diversité, et les rencontres qui ponctuent le quotidien. »
de bureau confortables pour se lancer. « J’ai suivi une formation de quelques mois pour parfaire mes connaissances et acquérir les bases, notamment en technique. » Amandine Dirand s’est fait accompagner par des professionnels pour en devenir une à son tour. Si son conjoint a soutenu sa démarche, ses proches ont pu exprimer certaines inquiétudes. « Ils avaient tous occupé des postes salariés sécurisants, il n’y avait pas de créateur d’entreprise autour de moi donc ils avaient quelques craintes pour mon avenir. » Pourtant, depuis qu’elle a lancé son activité en 2016, la photographe de 28 ans se réjouit d’avoir relevé le défi. Pourtant, les débuts ont été difficiles, exigeant de la jeune femme qu’elle accepte quelques boulots alimentaires. Amandine Dirand ne ménage pas ses efforts pour se faire connaître. « J’allais partout pour rencontrer du monde, me
faire un réseau. » Quand elle rejoint l’espace de coworking Quatre Quarts en 2017, les choses deviennent plus simples. Les rencontres se font entre indépendants, les affaires se concrétisent. Quelques événements professionnels, des mariages… : Amandine Dinand répond présent. « Je n’ai pas envie de me spécialiser pour ne pas m’enfermer et garder une certaine diversité. » Dans l’ensemble des prestations qu’elle propose, la photographe apprécie cependant plus particulièrement deux exercices. Les séances famille consistent à réaliser des portraits des membres de la tribu, chez eux, en extérieur ou en studio. « On parle de “Life Style”, pour traduire le quotidien des personnes. On nous ouvre une certaine intimité. J’adore notamment quand les enfants se réjouissent de faire découvrir leur chambre. »
« Nous valorisons la femme dans un certain naturel pour qu’elle retrouve une belle image d’elle-même. »
Son autre préférence va à ses portraits boudoirs, principalement tournés vers les femmes. Accompagnée d’une maquilleuse et d’une coiffeuse professionnelles pour la mise en beauté, elle veut redonner confiance à celles qui posent devant son objectif. « La photo aide à renouer avec son corps, son visage. Nous valorisons la femme dans un certain naturel pour qu’elle retrouve une belle image d’elle-même. » Son travail, Amandine Dirand le veut le plus naturel possible : elle ne retouche jamais ses sujets, se limite à jouer sur des contrastes ou des lumières. « J’essaie de trouver le bon moment, un sourire, une émotion sur les visages. Je veux capter sur le vif un instant de vie qui se dégage. L’aspect technique n’intervient qu’après. » Des conseils que la professionnelle n’hésite pas à transmettre au cours d’ateliers pour amateurs et débutants. Si le métier de photographe peut paraître solitaire, la jeune entrepreneuse apprécie les rencontres qui ponctuent son quotidien. Le plus difficile finalement réside dans une indispensable capacité d’adaptation. « La météo, le lieu, la lumière mais aussi les personnes dont il faut faire tomber les appréhensions éventuelles… Après la gestion administrative qui éloigne un peu du cœur de métier, je crois que c’est le plus dur. » Pourtant, Amandine Dirand n’éprouve aucun regret quant à son choix de carrière et s’apprête à ouvrir son studio, à Reulle-Vergy.